Une aventure née à San Francisco en 2005, portée par REBAR, un collectif d’artistes et relayée en France notamment par DEDALE. REBAR appelle chacun à « occuper joyeusement une place de parking ». Sept ans plus tard, près de 200 villes dans plus de 30 pays participent.
Le principe est simple et sympathique : Il suffit de prendre les choses au pied de la lettre. Une place de stationnement dans une rue, c’est un morceau d’espace public mis à la disposition de l’automobiliste pour quelques heures moyennant finances. Une location temporaire contre une transaction financière. Une règle simple et facile à respecter même si, en définitive, on n’y gare pas sa voiture mais soi-même, ses amis et ses créations.
Potager, poulailler, minigolf, pataugeoire pour enfants, immense jeu d’échec, salon de massage, pétanque ou belotte, plage, exposition artistique, scène de théâtre, bureau ou librairie temporaire, tout est possible !
L’idée est d’inviter chacun à transformer une place de parking pour engager une réflexion sur la place de la voiture et sensibiliser les habitants à l’espace public de leur ville. En fait, cette réflexion cède le pas au simple divertissement éphémère. Le fun plutôt que la rébellion.
Ce détournement ludique, s’il n’entraîne pas un véritable débat sur la ville, pose quelques questions. Est-on dans la transgression ? A première vue oui, mais au fond, pas vraiment : On occupe, en toute légalité, une surface puis on remet tout en état avant de partir. Il ne s’agit pas non plus d’une nouvelle forme d’appropriation de la ville. Une journée, une fois par an, c’est un peu court. Cette limitation dans le temps interdit, de fait, tout débordement. La nuit venue, on rend ces précieux mètres carrés à la voiture qui a droit à un lieu propre, éclairé, et sûr. Occuper un recoin de trottoir, une embrasure de porte, un banc, pas de problème. Les SDF le font toute l’année. Mais squatter une place de parking pour s’installer plus confortablement, non ce n’est pas possible.
Le vrai détournement serait de tenir dans la durée : Imaginez une place de votre rue qui changerait d’usage et d’aménagement toutes les semaines, en accueillant et en mobilisant des publics variés et des initiatives diverses. Un endroit inédit pour se pencher sur l’accessibilité de tous en ville, sur l’aménagement de l’espace public, rarement conçu « en soi » mais toujours comme une résultante des contraintes liées à la voiture.
Le succès des « manifestations » de reprise de la ville par les piétons, les rollers, ou les vélos est indéniable. Après la fête de la musique, la fête des voisins, PARK (ing) day deviendra-t-il le nouvel événement incontournable ? Une sorte de défoulement collectif soigneusement encadré, de divertissement géant, comme la ville en raffole ?
Finalement, on peut se demander si cet appétit de performances très réussies et de moments ludiques est le premier pas indispensable d’une vaste sensibilisation, d’une mobilisation citoyenne, ou au contraire un moyen de noyer le poisson, une échappatoire pour faire l’économie d’un débat plus global sur l’urbanité. Les paris sont ouverts et en attendant allez voir les installations !
Lien: Parking Day en France
Elisabeth Pélegrin-Genel