Retour sur le Colloque « TOIT SUR TOIT », le jeudi 4 Septembre 2014 à la maison de l’architecture à Paris.

Cette rencontre, dans le cadre de l’exposition Toit sur Toit, explorait la modification des toits parisiens sous plusieurs facettes, les enjeux et les questionnements qu’une intervention en toiture pose. Pour les organisateurs, l’objectif est d’initier un débat transversal sur la surélévation avec des intervenants de différentes disciplines, en interrogeant tant le local que le global, l’ordinaire que l’extraordinaire.
Une introduction de Luca Merlin qui fait appel à la rêverie, une incursion du côté des altanes, ces petites constructions vénitiennes éphémères sur les toits avec Jean Paul Robert et le ton est donné : les toits c’est d’abord une histoire d’imaginaire. On passe aux questions sérieuses avec le regard de Vincent Renard, économiste qui s’interroge sur la variété des mécaniques qui conduisent à occuper les toits et s‘inquiète, comme d’autres intervenants, de la ségrégation possible.
Luc Abbadie soutient une vision écologique : le verdissement des toits est une option à envisager systématiquement si on veut agir sur la gestion des eaux pluviales, la température et la préservation de la biodiversité. Nicolas Bel illustre ensuite ce propos avec ses « topagers ». Une démonstration éclatante que l’agriculture urbaine n’est pas une chimère et qu’on peut produire sur les toits toutes sortes de légumes dans des bacs. Au passage cela permet de recycler des déchets organiques, de raccourcir les circuits de distribution et de créer des emplois solidaires, car sur le toit le travail se fait à la main… Sabri Bendimérad nous aide à interroger nos perceptions de la densité et la subjectivité de cette notion. Le ressenti est plus lié à la hauteur qu’à une réelle densité de peuplement. Les toitures représentent effectivement un jeu de possibles à manier toutefois avec précaution. L’historienne Emmanuelle Garo brosse une approche (passionnante) des formes architecturales à partir des conduits de fumée. La conquête des toits dans les années 60 du à la diffusion du chauffage central puis surtout du chauffage urbain a totalement changé nos typologies et offert de nouvelles surfaces. Par contre cette liberté n’a pas duré : aujourd’hui les toits supportent les VMC et les panneaux solaires. Une visite au perchoir, un restaurant niché sur les toits et la présentation de quelques projets avec des « excroissances » de l’agence Jakob+MacFarlane clôturent les communications, avant un débat animé avec un public parfois dubitatif. Cette promenade sur les toits de Paris, absolument passionnante, se poursuivra les 11 et 18 Septembre.
L’exposition se prolonge jusqu’au 28 Septembre!
Elisabeth Pélegrin Genel
Lien : Toit sur Toit